Andata

andata . ritorno laboratoire d'art contemporain

Jean-Marie Borgeaud

" Prière de laisser sonner longtemps, je suis aux jardins même par temps de pluie."

Des jardins qui se muent en paysage de rêve à Genève

BEAUX-ARTS. Jean-Marie Borgeaud peint le rêve à la manière de Victor Hugo. L'exposition est à voir à la galerie Andata / Ritorno.

Le Temps

Laurence Chauvy
Mercredi 9 novembre 2005
Rubrique: Culture

L'artiste genevois Jean-Marie Borgeaud témoigne d'une réelle facilité dans le rendu suggestif et séduisant, aussi bien de la figure humaine, notamment de la tête, que d'un morceau de paysage. C'est à ce dernier genre qu'il s'adonne avec prédilection depuis cinq ans et auquel est dédiée l'exposition de ses peintures à la galerie Andata/Ritorno à Genève.

Autrefois, on aurait parlé de pochades, d'esquisses à l'huile, en fait il s'agit ici de couleur acrylique, de petit format. Ces œuvres rappellent les croquis de plein air d'artistes du passé, habiles ensuite à les reprendre en atelier, en grand et en plus léché. Ces pochades, donc, des maîtres paysagistes petits ou grands exercent un pouvoir de fascination particulier sur l'amateur d'aujourd'hui. De même des excellentes peintures de Jean-Marie Borgeaud, qui, elles, ne seront suivies d'aucun développement en grand et en plus travaillé.

Il s'agit donc de paysages, mais non de paysages définis. On ne reconnaît dans les chaînes montagneuses évoquées aucune cime proche ou lointaine. Seulement des plans qui se succèdent, des ombres, un rendu nuageux de l'eau et aqueux des nuages, des mottes et des monticules, une lumière rasante, la lumière du couchant.

L'allure est romantique et poétique, ce sont des paysages pour rêver, les imprécisions sont destinées à exercer le pouvoir d'imagination ou simplement invitent à laisser le regard errer et les pensées s'évader du quotidien. L'alignement des peintures forme à lui seul un panorama, une progression de la luminosité et donc du temps.

«Prière de laisser sonner longtemps, je suis aux jardins même par temps de pluie», est-il inscrit sur le carton d'invitation. Le pluriel du mot jardins met la puce à l'oreille: l'artiste ne travaille pas en son jardin, il n'y a sans doute pas planté son chevalet, il visite bien plutôt les jardins de l'imaginaire, les jardins mystériux, et nous invite au voyage

Jean-Marie Borgeaud, peintures 2000-2005 . Galerie Andata/Ritorno, Genève (rue du Stand 37, tél. 022/329 60 69). Me-sa 14-18h. Jusqu'au 17 déc.

Jean-Marie Borgeaud